Norlande
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 Les prétoriens.

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2 participants
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Ben

Ben


Messages : 140
Date d'inscription : 07/11/2011
Age : 37
Localisation : Rouen

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MessageSujet: Les prétoriens.   Les prétoriens. Icon_minitimeMar 8 Nov - 11:08

La vieille bâtisse se dressait encore fièrement, étincelante sous les derniers rayons du soleil hivernal. Just prit quelques instants pour profiter de la vue et surtout reprendre son souffle… jusqu’à ce qu’une voix familière l’apostrophe d’en bas.
« Accélère, on a pas toute la nuit ! »
Dans un soupir, Just maudit une nouvelle fois la déité capricieuse qui devait bien rire de ses malheurs. Lui, élégant monte-en-l’air, nonchalant, dépensier, volontiers libertin, devoir faire équipe avec Herck, lieutenant de la Garde, qui devait illustrer le terme « rectitude » dans toutes les schola du Continent… Du haut de la fenêtre où il s’était hissé, Just pouvait voir la petite centaine d’hommes qui se massaient un peu plus loin, étrangement silencieux.
Ce que tous ces hommes voulaient faire ici, il n’en avait aucune idée, seule l’idée de sa liberté prochaine lui importait. Un marché somme toute classique : on l’envoyait pour une tâche dangereuse, que lui seul pouvait accomplir, et en échange il évitait les supplices divers et variés que lui promettait le bourreau.
Bref, pour l’heure, il lui suffisait d’ouvrir cette fenêtre, de vérifier que la porte n’était pas piégée de l’intérieur (il avait, en professionnel consciencieux, déjà fait l’extérieur du bâtiment), de l’ouvrir, et de laisser les soldats faire leur (sale) travail. Un cheval l’attendait non loin, et il lui tardait de retrouver ses chères ribaudes accueillantes, un gobelet de bon vin, et du feu pour réchauffer ses orteils engourdis.
Avec l’aisance que donne l’expérience, toujours en équilibre instable sur sa corniche gelée et exposée au vent traitre du nord, il sortit un poinçon, le fit tourner le long de la glace, dégagea le volet, en dévissa quelques charnières, apparemment prises au hasard, et la neige amortit bientôt la lourde barre métallique qui protégeait jusque là l’endroit contre le froid, les animaux, et bien sûr les indésirables. Le tout n’avait pris qu’une poignée de secondes.
Bon, il était au premier, ne restait qu’à trouver comment descendre. Un coup d’œil circulaire lui indiqua que visiblement, si escalier il y avait, il se situait hors de vue. Désescalade ? Non, les froides parois de pierre allaient lui abîmer ses précieuses mains ! Just se mit prudemment en quête de l’escalier. Escalier qui ne se fit pas trop prier d’ailleurs, il suffisait de faire une quinzaine de mètres ! Mais au moment de descendre vers le rez de chaussée, il se figea sur place, et d’un bond habile, rejoignit les ombres. Des voix venaient, au moins deux, dans sa direction. Comme toutes les fois où cela était arrivé, Just se demanda comment faisaient l’honnête boulanger pour survivre sans ce frisson d’excitation que lui procurait le danger. Il attendit patiemment, après tout, ce n’était pas un tueur, et si il pouvait laisser cette tâche aux sombres brutes qui l’avaient traîné jusque dans ce trou gelé, il ne s’en porterait pas plus mal. Bien sûr, ses armes étaient à portée de main au besoin, on n’est jamais trop prudent.
Les deux voix ne semblaient guère pressées, et Just commençait à s’impatienter, quand finalement, elles prirent elles aussi le chemin de l’escalier, vers le haut. Il sortit de sa cachette, jeta un rapide coup d’œil circulaire pour s’assurer qu’il était bien seul pour le moment, et un éclat de lumière sur le sol attira son attention. C’était un petit crâne rehaussé d’ailes en argent, le tout serti dans une épée minuscule. Du beau travail, que Just apprécia en connaisseur, avant de faire disparaître son petit bonus dans une de ses poches.
« Profite bien de ce cadeau, ça te fera un souvenir ! »
Il n’y avait personne autour de Just, pas de bruit de bottes lourdement ferrées, pas de torches, pas de doigt accusateur, rien. Alors qui avait parlé ? Pas moyen de le savoir. Just possédait un mental d’acier, il lui paraissait hautement improbable qu’il ait été abusé par le vent ou tout autre fadaise que des confrères moins talentueux utilisaient pour oublier ce qu’ils ne pouvaient pas comprendre. Non, quelqu’un avait parlé, quelqu’un l’avait vu, et ce quelqu’un n’était pas visible. Par la fenêtre qu’il avait ouverte, il entendit un bruissement d’ailes, les corbeaux qui peuplaient l’endroit n’avaient pas été longs à profiter de cet accès vers la chaleur, visiblement.
Très bien, il avait été repéré, était encore vivant, il avait le choix entre descendre l’escalier et ouvrir la porte, ou bien essayer de découvrir qui avait parlé. Le second choix eu sa préférence, aussi au lieu de descendre, il monta. Le noir était total en haut, mais ses yeux était habitués à l’obscurité. Il aurait fallu qu’un animal soit là pour le surclasser dans ce domaine, avait coutume de dire un de ses anciens camarades, mort depuis. Le couloir dans lequel il déboucha l’arrêta net. Il compta les portes, 12 de chaque côté. Et les dernières étaient à une trentaine de mètres, au moins. Il avait fait le tour de la maison, elle ne faisait pas cette taille là, c’était une certitude. Son mystérieux adversaire avait dû lui faire respirer quelque substance propre à abuser ses sens, sûrement un maniaque qui voulait jouer avec lui. Le salut dans ce genre de cas résidait dans la fuite, et c’est précipitamment qu’il fila vers la sortie. Pas par la porte, Just n’était pas idiot, il ne donnait pas cher de sa peau si jamais il restait plus longtemps dans cette maison. Non, il allait filer par la fenêtre, dire à Herck et ses gars de prendre un bélier, tant pis, ils auraient bien une autre tâche ingrate à lui confier, mais plus tard. Et ailleurs. Et un ailleurs loin, vers un endroit plus chaud.
Les corbeaux s’étaient amassés sur la fenêtre, et il y en avait maintenant une bonne dizaine, et des spécimens pas vraiment commodes, certains devaient atteindre le mètre d’envergure ! La pièce de viande que Just jeta à leurs pattes n’éveilla même pas une lueur d’intérêt chez eux. Non, ils continuaient à le regarder fixement. Visiblement, ils étaient dressés pour quelque chose, et, en espérant que ce quelque chose ne soit pas la chasse à l’homme, Just s’avança vers la fenêtre. Le spectacle en contrebas le fit jurer entre ses dents, et les corbeaux firent écho de leurs cris stridents, avant de s’envoler vers le festin.
Visiblement, l’embuscade avait été menée de main de maître. La moitié des gardes était déjà face contre neige, certains se battaient entre eux, d’autres riaient nerveusement en attendant d’être achevés. Herck en avait rallié certains, mais ils restaient peu nombreux, et leurs adversaires les hachaient méthodiquement, au rythme d’un tambour invisible.
Ne perdant plus un instant, Just sauta par la fenêtre, et se réceptionna sur la neige, qui avait gentiment dissimulé la barre de la fenêtre. Les corbeaux qui tournaient autour se moquaient de lui, il en était maintenant persuadé, tout en boitillant vers son cheval, qui l’attendait en piaffant nerveusement. Ça lui revenait maintenant. Le talisman qu’il avait récupéré était celui des prétoriens, la garde personnelle des héritiers de la lignée du corbeau.

« Tu diras aux autres que je viens récupérer ce qui me revient . »
La même voix que tout à l’heure. Just se retourna d’un bond, sa main droite armée d’une arbalète prête à tirer. Une femme se tenait devant lui, plutôt jeune, et ce qu’il vit dans ses yeux le rendit fou de terreur. Il creva son cheval sous lui pour filer au plus vite de ce coin gelé, et tout ce que les médecins de la ville purent tirer de lui, entre deux crises de paranoïa, étaient les mêmes mots, répétés inlassablement.
« Ils arrivent… les corbeaux arrivent ! »
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Brinn

Brinn


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Date d'inscription : 06/11/2011

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MessageSujet: Re: Les prétoriens.   Les prétoriens. Icon_minitimeLun 14 Nov - 11:28

Le jeune homme fit un bref signe de tête à la jeune serveuse. Il cala plus confortablement ses jambes sous la robuste table de chêne, cala sa nuque contre la poutre de bois sculpté contre laquelle il était adossé et se laissa aller sur le banc, en réprimant un soupir. Il était ivre. Trop pour que rien de bon n’arrive, pas assez pour rendre les armes et aller s’affaler sur sa paillasse à l’étage. La serveuse finit par arriver et remplit son verre. Du Feu comme on l’appelait, une boisson forte et peu chère. En haussant les épaules, il laissa son regard courir paresseusement sur la salle, s’attardant l’espace d’une seconde sur les formes de la jeune femme -quel était son nom Svanja, Svenja? Impossible de s’en rappeler- revenue derrière le comptoir. Tout ce qu’il avait à savoir, c’est qu’elle était la fille d’Harkon, le tavernier. Un rude gaillard, solide et érodé comme les rocs de la falaise. Il ferma les yeux et se mit à écouter.
La clientèle de cet établissement était composée ordinairement de gens simples, ouvriers, paysans, quelques artisans. Ils venaient régulièrement, vêtus de leurs vieux vêtements à la fourrure élimée, dépenser leurs économies. Une poignée de trappeurs venaient en ville deux fois l’an, vendre leur fourrures et s’enivrer de bruit, de vin, de foule et de filles, accumulant des souvenirs à ressasser dans leurs cabanes le reste de l’année. Aucun d’eux n’avait jamais mis un pied hors de leurs terres, hormis un pèlerinage à la stèle des anciens. Trop occupés à gratter la terre, trop occupés à arracher leur subsistance au maigres ressources du nord. Des hommes et des femmes comme son père les aimait, le peuple qu’il devait protéger et encadrer, en tant que seigneur de ces terres.
Son père… Il reprit le cours de ses pensées et sortit de sa petite besace de cuir l’objet, reçu en grande pompe il y a deux semaines, à la maison longue. Un petit cercle de métal, froid au toucher. Au centre, un crâne percé d’une épée, encadré par deux ailes de corbeau déployées. Un bijou terne, sans fioritures. Le symbole de son départ. Demain, il ferait ses adieux à sa famille, il laisserait son ainé s’occuper du domaine, et s’embarquerait pour le Grand Continent. Mais pas comme le premier gueux venu, il partirait là-bas trouver richesse et fortune, une femme peut-être ? Il lui fallait voir la volva à l’aube, la sage-femme saurait lui lire son futur dans les runes…
Le cours de ses pensées fût subitement interrompu par plusieurs voix rendues brillantes et bruyantes par l’abus d’alcool. Ils parlaient de la maîtresse des corbeaux. Et pas en terme s élogieux, si l’on en jugeait par les rires grossiers qui arrivaient par vagues. Le jeune homme secoua la tête, alors que ses sens daignaient enfin s’éclaircir. Il ne pouvait laisser faire. La suite était écrite aussi sûrement que la mer monte et descend. Il bondit sur ses pieds, se donna une seconde pour retrouver son équilibre et se dirigea vers le petit groupe. Il fit jouer ses épaules, empoigna le rieur le plus proche le leva de terre et le jeta presque négligemment sur la table occupée par ses compagnons, envoyant voler à la ronde les gobelets et les chopes de bois et d’étain. Il laissa échapper un rire sonore, laissant la soif de la bataille courir librement dans ses veines, chassant l’alcool. Alors que le premier des hommes lui envoyait un direct en plein visage, il eut le temps de penser que cette soirée ne serait pas aussi morne…
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